Cameroun: Journaux – La colonne numérique monte au front.
Divers titres de presse écrite ont migré vers un format intégralement digital, s’engouffrant dans un nouveau canal de diffusion, tout en éliminant les charges d’impression.
La bataille pour la visibilité en kiosque n’est pas des plus aisées : les titres foisonnent, les journaux, locaux comme internationaux, se disputent l’espace, et il faut de sérieux arguments de titraille pour retenir l’attention des lecteurs/acheteurs potentiels. Avant d’espérer faire les bons chiffres qui pourront retenir l’attention des annonceurs. Mais l’arrivée en kiosque elle-même ne se fait qu’après l’étape de l’imprimerie, dont les directeurs de publication savent bien combien elle pèse – dans le sens financier du terme.
Autant le dire d’emblée, le rendez-vous dans les points de vente des journaux n’a pas toujours été respecté par nos différents périodiques, la viabilité n’étant malheureusement pas la chose la mieux partagée dans le milieu. Et avec l’avènement de la pandémie à Coronavirus, la situation s’est davantage dégradée. Il faut bien continuer à exister, pourtant. C’est un ainsi qu’un autre créneau a vu le jour et pris progressivement de l’importance, celui de la diffusion des journaux par voie numérique.
Certes, la technique existait avant que le Covid-19 ne débarque. Des titres bien connus de la place ont depuis longtemps créé leur page Web, peuvent être achetés sur des plateformes digitales, ou être reçus via un abonnement au format numérique, etc. Une tendance s’est clairement dessinée, cela dit. Il ne s’agit plus de générer un PDF du journal, qui sera distribué parallèlement à sa contrepartie physique vendue en kiosque, à la criée ou par abonnement. Non, désormais, le canard n’a plus que des plumes numériques, et circule via les téléphones portables, à travers des groupes Whatsapp et autres réseaux sociaux.
L’option a fait florès et aujourd’hui, de nombreux titres gagnent en régularité, en présence. Du moins sur les plateformes susmentionnées. Et la différence, pour leurs promoteurs, est substantielle. ” Un journal de deux couleurs, imprimé sur du papier bas de gamme, coûte environ 200.000 F pour 2.000 à 2.500 exemplaires. En revanche, transformer le fichier en PDF ne coûte rien du tout, pas plus que balancer ce fichier dans des fora “, relève Victor M., graphiste et imprimeur. En fait, il suffit de quelques mégas dans le téléphone…
” J’ai commencé en kiosque, parce qu’il me fallait cette base pour avoir de la crédibilité, puis j’ai progressivement basculé vers le numérique “, explique Frégist Tchouta, directeur de publication de ” Bougna “, hebdomadaire lancé en 2018 et spécialisé dans l’automobile et les transports. ” J’ai commencé à distribuer le format numérique dans des groupes, après avoir constitué un carnet d’adresses. Au vu des retours, voyant que des gens manifestaient de l’intérêt, j’ai introduit une offre d’abonnement “, ajoute l’ancien journaliste de La Nouvelle Expression qui revendique à présent quelque 150 abonnés.
S’il faut le considérer comme un autre avantage de la nouvelle formule, relevons qu’elle permet en outre des audaces inédites en matière d’édition et de diffusion. Le ” Dp ” d’un bihebdomadaire (s’agissant de la version papier) par exemple, peut désormais sortir à tout moment une ” édition spéciale “, un ” breaking news ” sur la Toile, avec son logo en évidence.
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